Cette année-là fut haute en émotion, donc, je me suis offert la meilleure des thérapies. 

Munie de mon sac d’expédition et de mes chaussures de randonnée, je partais faire un voyage de ressourcement : un pèlerinage sur les chemins de Saint-Jacques de Compostelle.




Chaque personne qui marche sur le chemin part  avec ses propres motivations et marche sur le chemin qui lui convient. Pour ma part, j’ai choisi le chemin que l’on appelle le Camino Del Norte. Ce chemin a comme caractéristiques d’être très calme et peu fréquenté. J’avais besoin de me retrouver avec moi-même, penser à ma vie, mes rêves, mes aspirations bref de faire le ménage dans ma tête et changer de routine.


En guise de préparation, j’ai assisté à une conférence offert par l’organisme  Du Québec à Compostelle (http://www.duquebecacompostelle.org/). Quelques semaines plus tard, j’avais mon crédencial (le carnet du Pèlerin), mon billet pour l’Espagne en poche et je partais direction Bilbao, point de départ. L’aventure m’appelait, je partais me perdre avec moi-même.  





L’ambiance sur le chemin est presque indescriptible. Sillonner les chemins parcourus depuis des millénaires par les pèlerins est une expérience unique. Les paysages sont irréels. Parfois le chemin longe l’océan, va vers les montages, rejoint un sentier dans la forêt, continue sur l’autoroute, traverse un village, une ville, une rivière ou encore un troupeau de vaches. Les lieux religieux sont mystiques, parfois rustiques et d’autres fois d’une envergure remarquable. Peu importe vos motivations à faire le chemin, les lieux religieux restent un incontournable et transpirent vraiment l’esprit du chemin.


Il est difficile de décrire une journée typique de mon chemin à Compostelle puisque chaque journée amène son lot d’aventures, de paysages, de températures, de découvertes et de réflexions uniques. Je me souviens que mes premiers jours sur le chemin ont été très difficiles physiquement et mentalement. Mine de rien, sur le Camino Del Norte, je devais parcourir en moyenne une vingtaine de kilomètres par jour pour pouvoir me rendre au prochain refuge de pèlerin. Malgré le début difficile, après une semaine environ le corps s’habitue et l’aventure spirituelle commence.




 En général, j’aimais partir très tôt. Comme je préférais marcher seule, je m’assurais de toujours avoir quelqu’un devant moi et quelqu’un derrière. Le midi, je m’arrêtais quelques minutes pour manger. Le chemin est indiqué par des flèches jaunes peinturées sur les pierres, les arbres ou sur la route. Par contre, il est nécessaire d’avoir un guide supplémentaire pour suivre son itinéraire. Il n’est pas rare de prendre le « mauvais » chemin, mais cela fait partie de l’aventure et des obstacles à surmonter. J’arrivais toujours au refuge vers 17h ou 18h. Le tenant du refuge estampillait mon crédencial et m’offrait un lit pour environ 7 euros.  


Après plusieurs jours sur la Camino Del Norte,  j’ai pris la décision de continuer avec un autre tronçon du chemin le Camino Primitivo qui se situait en moyenne à 800 mètres d’altitude. Après un chemin de solitude et de réflexion, j’allais découvrir l’esprit de rencontre et de solidarité du pèlerinage.  J’ai eu la chance de rencontrer et de partager avec des personnes incroyables venant de partout dans le monde. Les gens sur mon chemin avaient tous quelques choses de particulier et cette petite lueur dans les yeux. Aujourd’hui encore, je corresponds avec les personnes que j’ai rencontrées sur le chemin.




Je ne vous parlerai pas de la fin du chemin, puisque pour moi  le chemin n’est pas finit. Le chemin est ma référence dans les beaux  moments et dans les plus difficiles. Je compte bien y retourner.  Je souhaite à tout le monde de pouvoir vivre cette expérience. Partir seule sur le chemin fut la meilleure décision de ma vie.


« Marcher, c’est retrouver son instinct primitif, sa place et sa vraie position, son équilibre mental et physique. C’est aller avec soi, sans autre recours que ses jambes et sa tête. Sans autre moteur que celui du cœur, celui du moral. »

Jacques Lanzamann

Buen Camino !

À 23 ans je suis partie seule dans les montagnes sinueuses du Nord de l'Espagne pour me retrouver, me ressourcer...décrocher complètement ! Voici mon aventure et l'envers du décors des pèlerinages.