Ces chambres dans lesquelles tu entres et immédiatement ça sent l'insomnie. Le lit n'appelle pas à la détente avec sa dureté de grade diamant, le ventilateur s'exprime sans relâche et l'odeur et les taches de moisi dans la salle de bain rappellent qu'ici les standards de propreté ne sont nettement pas les mêmes. Ah, ça fait partie de l'expérience n'est-ce pas? Reste qu'après un moment, ton corps rêvasse à la couette de plumes moelleuse qui t'attend sagement à la maison.

En Europe, les transports sont bien efficaces et organisés. Le seul désagrément est le prix atrocement cher. En Asie ou en Amérique du sud par contre, les transports sont abordables, voir hyper-cheap mais tu en as que pour ton argent! Les bus en retard, les trains annulés à la dernière minute, le surachalandage des métros... Soyons honnêtes amis voyageurs, la portion transport de votre trip c'est plus souvent frustrant qu'agréable!

C'est amusant au début. On les trouve charmants, quoi qu'un peu insistants, mais leur impressionnant pouvoir de négociation et de persuasion a un petit je-ne-sais-quoi d'exotique. Mais quand tu te fais dire 6 fois par jour que ce prix spécial il est pour TOI, seulement TOI, une occasion unique juste pour TOI... Tu réalises rapidement que ce cinéma est de la fausse bonté et tu deviens un peu blasé. Avouons-le, on finit par en avoir marre de ces aubaines exclusives qui s'auto-détruiront si on n'achète pas dans les 3 prochaines minutes.

Au même titre que les chambres douteuses, la bouffe peut aussi nous laisser sur notre faim. C'est le cas de le dire. On dit souvent que la gastronomie est une activité chouchou du voyage, moi la première dans mon palmarès des meilleurs festins asiatiques. On omet souvent de dire par contre que certains repas nous rendront ô-combien malade. Pas un petit peu malade, beaucoup beaucoup malade. Les détails ici ne sont pas nécessaires si ce n'est que de préciser que ce beaucoup beaucoup malade pourra nous faire perdre une ou plusieurs journées à rester à la chambre pour se lamenter. Et que dire des plats qu'on n'aime pas, du repas trop chaud, trop froid, trop petit, trop gluant... Tout est possible!

Hey, "faut qu'on" visite ça le temple 'machin' du Dieu 'chose' du siècle des dinosaures... "faut qu'on" achète ça en souvenir, c'est full typique tsé! Les "faut qu'on" sont les activités qu'on se sent obligé de faire en tant que touristes mais qui en réalité ne nous intéressent pas vraiment. Faut qu'on visite ça, faut qu'on voit ça, faut qu'on mange ça, faut qu'on attende 3 heures pour faire le tour de ce musée-là parce que tout bon touriste qui passe ici le fait... Ça parait prétentieux dit de même mais c'est vrai, jouer au touriste ça devient parfois aliénant. 

Plis, déplie, range, sors, pousse, pousse, zip, clip... Le fameux backpack n'est pas toujours de tout repos. Une journée il est bien d'adon et permet à tout ton stock de s'y loger à la perfection. Tu zip et ne sent même pas de résistance dans la fermeture éclair. Wow! Merci Gregory! (Oui, le mien a un nom que voulez-vous, on est partenaire de voyage de longue date après tout). Mais le jour suivant, Gregory boude et ne veut plus coopérer. Et il décide de faire des siennes la journée où tu dois faire vite et ranger ton bagage en 2 temps pour ne pas manquer ton train. Vite! Come on, Greg! Gregory se marre et décide que non, il ne zippera pas! Ce dernier t-shirt qui était paisiblement roulé au fond la dernière fois, ne veut rien savoir d'entrer. Alors oui certains jours en voyage, tu rêves de ta garde-robe bien rangée (mensonge: souvent bordélique...) où tous tes vêtements s'alignent harmonieusement.

En voyage, on rencontre beaucoup d'autres explorateurs comme nous qui ont un parcours bien intéressant et des aventures plus qu'extraordinaires. Chacun a une belle histoire à raconter, c'est toujours super trippant de partager nos expériences autour d'une bonne bière étrangère et d'un "sandwich" (inside pour les fan de HIMYM) jusqu'à ce que les conversations deviennent, comment dire, un combat de coq. Moi j'ai fais 140 pays, sans guide, sans les mains, la tête en bas... Wow! Bien impressionnant tout ça! Non. Disons-le en toute honnêteté, ça gosse.

Finalement la pire chose qu'on ne dit pas sur le voyage, probablement parce qu'on en a honte, est le phénomène de désensibilisation à tout ce qui nous entoure. Ce sublime paysage de mer turquoise entourée de cocotiers verdoyants peuplés de singes amusés devant lequel tu passes à tous les jours depuis quelques jours finira par ne plus te faire réagir. Ces chèvres que tu côtoies dans la rue d'à côté en pleine ville et qui mangent les poubelles, tu ne les remarques même plus après quelques semaines. Cette route sinueuse à travers les hautes montagnes des plus belles campagnes du monde, tu choisiras d'y faire la sieste à un certain moment. Triste mais vrai, l'humain finira par s'habituer à toute situation, même les plus magiques et exceptionnelles.

On se limite ici à 8 mais voyager c'est aussi se perdre partout, se blesser, rencontrer des gens bizarres, prendre le train dans la mauvaise direction, perdre de l'argent, se chicaner avec ses partenaires de voyage, être entassé de longues longues nuits dans un autobus... Et j'en passe.

Mais ces choses qu'on ne dit pas sur le voyage, on ne les dit pas car les 94 000 autres choses qui nous font vibrer nous incitent à toujours repartir.

Gabrielle Lemay

Globetrotteuse en constante quête de stimulation actuellement au bout du monde en train de cueillir des souvenirs.