Depuis le jour où je suis partie dans l’Ouest canadien en 2009, comme tant d’entre nous, et que la vie m’a mise face à une épreuve que je croyais insurmontable, je recherche le temps en voyage. Pour certains, c’est l’aventure, pour d’autres, c’est la recherche de soi. Pour moi, c’est le temps.  

Quand je dis temps, je veux dire prendre le temps. C’est fou comme la vie ordinaire va vite, mais aussi que nos têtes tournent à la vitesse d’un hamster sur le redbull. Je ne sais pas, chers lecteurs, de quelle génération vous faites partie, mais moi, je suis de la génération qu’on appelle affectueusement «Y».  Nous sommes caractérisés par la vitesse: enfants d’Internet, enfants de l’instantané, bref enfants « speedés ». À ça, se mélange un désir profond de vouloir vivre sa vie pleinement et sans compromis.  Résultat? Une impatience viscérale, même en situation de voyage où on est censés être calmes et profiter du temps.  On veut avoir la job de rêve tout de suite, on veut vivre les plus belles aventures de voyage dès l’instant où on met le pied sur la terre promise.

Comprenez-moi bien: je suis absolument dévouée à vivre ma vie pleinement et comme je l’entends. Je n’aurais pas plié bagages pour habiter de l’autre côté de la planète si ce n’était pas le cas. Par contre, l’idée que le temps peut être mon ami a aussi fait son chemin au fil des années et à la lumière de mes expériences (de voyage surtout).  

Il y a quelques années, quand j'ai décidé de finalement réaliser mon rêve d'aller vivre en Angleterre, j’avais un plan parfait: trouver un emploi d’enseignante, faire beaucoup d’argent (parce que les livres sterling, ça vaut cher…!), prendre le «tube» toutes les fins de semaine, vivre une vie de londonienne hipster, voyager partout en Europe… vous voyez le portrait. Mais bon, j’ai vécu quelques obstacles, c’était donc moins facile qu’on me l’avait présenté. Deux de mes amis enseignaient là-bas depuis deux ans déjà et m’avaient convaincue d’essayer moi aussi. Ce que je n’avais pas prévu, c’était de passer les premiers mois à faire de la suppléance dans des milieux pas toujours faciles. Pourtant, quand on commence à enseigner au Québec, on s’attend à passer un an, parfois deux, dans cette situation. Alors pourquoi est-ce que je m’attendais à autre chose à  Londres? Je suis tombée dans le panneau du rêve instantané. À Londres, il y avait aussi une compétition féroce pour tous les types d’emploi, ce qui ne rendait pas ma tâche amusante. Je me suis fait offrir des postes d’enseignante dans des instituts de langues pour 5£ de l’heure! Il fallait vraiment s’armer de patience. 

Londres; grande et imposante.

Néanmoins, après trois mois, j’en ai eu marre et je suis partie. Trois mois. Dans une vie, trois mois, c’est rien. Surtout quand on change de pays. Je suis partie en disant : «Londres, tu m’énerves, tu es trop difficile!» (en un peu moins poli que ça).  Comme si Londres me devait quelque chose. Une leçon que j’ai apprise de cette expérience (avec le recul) est aussi par rapport au temps: on ne réalise pas nos rêves si on ne prend pas le temps. 

Un an plus tard, je me suis retrouvée en Australie.  Ce n’est pas plus facile la deuxième fois, ni différent. Mêmes défis, mêmes obstacles. Cette fois par contre, je vais être patiente. Et ça commence déjà à payer. J’habite dans une plus petite ville, et je commence à me faire connaître professionnellement (après un an et demi!). Je veux faire reconnaître mes qualifications québécoises, et je prends le processus une étape à la fois. 


Sydney Opera House, Australie.

Je termine ce billet en disant au jeune homme croisé sur Facebook qui était si impatient de trouver son emploi de rêve en Australie: « Patience! Profite des moments dans ton nouveau pays, car ils sont si éphémères. Surtout, tes attentes se doivent d’être dépassées et revues, parce que dans quelques années, tu veux regarder en arrière et te dire que tu as vécu la meilleure expérience possible.»

De Drummondville à l'Australie, en passant par Londres et Montréal, je m'amuse à enseigner le francais ici et là. Un jour la terre natale m'appelera, mais pour l'instant, je ne lâche pas mes valises!