[Première partie de 2]

L’être humain serait devenu sédentaire le jour où il a construit son premier lieu de culte. À voir la quête acharnée de perfection que voue notre espèce à son architecture sacrée, je peux bien comprendre pourquoi.

Presque toujours ouvertes et gratuites, les églises ponctuent nos explorations urbaines en Occident. Elles regorgent d’art, de symboles, d’indices culturels. Elles sont denses. Elles fascinent. Ce sont des lieux qui portent toujours notre regard un peu plus haut, qui nous font sentir si humbles et petits. Moi, en tout cas, ça me fait vibrer les belles églises.

Mon objectif ici est de vous faire découvrir 10 églises qui valent absolument le détour. Des endroits qui vous feront dire, «Oh my GOD». Oui, j’ai volontairement omis le Vatican, Paris, Cologne et MÊME la Sagrada Familia. Péché mortel, direz-vous; l’idée c’est de sortir des sentiers battus, de présenter des endroits qui sortent de l’ordinaire! Bon voyage!

10. Christchurch Transitional Cathedral, Nouvelle-Zélande

La terre a tremblé fort en 2011 dans la ville de Christchurch en Nouvelle-Zélande. De nombreux immeubles du centre-ville ont été lourdement endommagés dont la cathédrale de la ville qui a perdu son clocher.

L’administration municipale travaille encore aujourd’hui à reconstruire la ville (excellent documentaire à ce sujet en passant pour les fan d’urbanisme), mais elle n’a pas tardé à trouver une solution temporaire pour déménager la cathédrale : en construire une temporaire en carton. Et le résultat est pour le moins surprenant!

L’église de 21 mètres est construite de tubes de cartons, les murs de 8 conteneurs et on n’a pas oublié les vitraux! Explorez-la par vous même :



9. Église Temppeliaukio, Finlande

On avait choisi l’emplacement en 1930 pour y construire une cathédrale majestueuse. Puis, la Grande Guerre a sévi et elle n’a pas été facile pour les Finlandais... Le chantier est resté à l’abandon près de 30 ans. On y avait seulement creusé les fondations. En 1961, faute de budget, on décida de finaliser le projet en couvrant ce trou d’un dôme circulaire qui laisse transpercer la lumière naturelle et on aménagea ce lieu de culte à même le roc.

Avec son odeur de roche, son air froid, mais sa vive lumière, le lieu appelle à l’introspection. La qualité de son acoustique est reconnue. D’ailleurs, lors de mes deux derniers arrêts dans ce bijou d’Helsinki, je suis à chaque fois tombé sur de la grande musique; un choeur qui pratique, ou bien un concert d’orgue. C’est peut-être juste un hasard, mais j’aime m’imaginer ce lieu constamment mu par une musique aussi majestueuse que son architecture.


8. Cathédrale Saint-Basile, Russie

Bon, j’avais convenu d’éviter les églises trop connues, mais je n’ai pas pu me retenir pour celle-là. Est-elle si connue en fait? On l’a tous déjà vue, oui, mais combien d’entre vous savez ce qui se trouve à l’intérieur? Vous seriez peut-être surpris de l’apprendre.

Il faut savoir que les églises orthodoxes ne sont pas conçues comme des églises catholiques ou protestantes avec une longue série de bancs ou de sièges. Elles sont plutôt organisées en petits espaces confinés reliés entre eux par un itinéraire, un peu comme un chemin de croix. Dans cette icône moscovite, chaque bulbe coloré couronne une chapelle fermée liée à la prochaine par des petits corridors tortueux et des escaliers étroits.

Vous seriez étonnés de voir à quel point la plus grande de ces chapelles, sous le plus haut des dômes, est en fait très petite. On y accommode au maximum 30 personnes assises. C’est à douter qu’on se trouve au coeur du plus grand monument du plus grand pays du monde.

Fait vécu : quand j’y suis allé, pour ajouter au charme de l’endroit, un choeur d’hommes (oui, encore un choeur), Doros, entonnait des chants de la liturgie orthodoxe à l’harmonie dépaysante. Pour les curieux : https://www.youtube.com/watch?v=nG5gEzymh5c (pas dans l’église en question par contre).



7. Église de San Giovanni Battista, Suisse

Mandaté dans les années 90 pour reconstruire une chapelle emportée dans une avalanche, l’architecte suisse Mario Botta rompt avec la tradition dans cette église nouveau genre. Au coeur des Alpes, la chapelle détonne par sa noblesse, son minimalisme et sa modernité. L’audace de ses formes rappelle peut-être Le Corbusier. Le contraste de noir et de blanc, lui, a quelque chose de la cathédrale de Florence. Elle est bien dans l’air du temps cette chapelle. Moi j’aime.



6.5 Réplique en bois de l’église Saint-Charles-des-Quatre-Fontaines, Suisse

Un grand coup de coeur celle-là. MAIS j’en fais aussi seulement un demi-point dans ce décompte, d’abord parce que c’est une installation temporaire démantelée en 2003 (alors un selfie avec ça arrière-plan sur instagram, on oublie ça), demi-point aussi parce que c’est, pour une 2e fois dans cette liste, le travail de Mario Botta, mais demi-point surtout parce que c’est fondamentalement une oeuvre inachevée, un peu comme une longue phrase descriptive dont on peut deviner la fin, mais qui…



5. Église Grundsviks, Danemark

Avec sa trempe mystérieuse et sa subtile modernité, cette église mériterait d’être beaucoup plus connue. À cheval sur plusieurs styles, ce chef d’oeuvre de Copenhague a un plan baroque, des lignes gothiques et une signature expressionniste. Conçue en 1913, elle s’inspire en fait du style traditionnel des églises rurales danoises; de couleur pâle, avec peu d’ornementation et un recours aux briques. L’intérieur est simple et dépouillé.


Mais ce qui la distingue particulièrement, c’est son intégration harmonieuse au quartier qui, comme elle, inspire le calme. C’est comme si tout un quartier dans la bouillonnante capitale danoise s’était arrêté pour prier. C’est d’ailleurs la couverture de cet article.



Un endroit magnifique, bref, que je vous recommande fortement.

Et vous? Quel est votre plus grand coup de coeur? Ai-je commis le péché mortel de l’oublier? J’ai encore le temps de me repentir en incluant vos suggestions dans la partie 2 de cette liste qui sera publiée prochainement! Écrivez-nous!

Véritable cascadeur culturel, photographe amateur, juriste à temps partiel et blogueur à ses heures, je ne me contente jamais des sentiers battus. Ma passion pour l’architecture et l’histoire m’amène toujours un peu plus loin. Suivez-moi!