Il y a 4 ans, j’ai pris la plus grosse décision de toute ma vie. Celle de tout plaquer et de quitter ma France natale pour aller m’installer de l’autre côté de l’océan Atlantique, au Canada. Pour beaucoup de Québécois, cela semble anodin qu’une Française vienne vivre au Québec puisque des milliers d’habitants de l’hexagone franchissent le pas et y emménagent. Mais à l’époque, pour mon âge et pour d’où je viens, cela représentait plus qu’un simple départ.

Aussi loin que je me souvienne j’ai toujours été attirée vers l’inconnu, vers les routes qui mènent à des aventures extraordinaires autour du monde. Cette passion du voyage a débuté lorsque j’étais petite et que ma mère m’emmenait découvrir chaque été toutes les régions de la France en campant. Et puis lors de mes 18 ans, j’ai décidé de partir seule en sac à dos en Écosse. Je me souviens qu’à l’époque tout le monde me traitait de folle de partir seule à l’étranger sans aucune expérience du voyage en backpack. Je me souviens des heures passées à réconforter ma mère en lui disant que tout irait bien. Mes amies ne comprenaient pas vraiment ce choix et étaient sûres qu’il m’arriverait quelque chose sur place. Pourtant, ce voyage fut le début d’une série de périples qui m’ont amenée où je suis aujourd’hui avec ma carrière de blogueuse voyage.

Lorsque je suis revenue d’Écosse, quelque chose avait changé en moi. En voyageant par moi-même, j’avais découvert une nouvelle culture, une nouvelle façon de penser. Je m’étais rendu compte de la gentillesse des personnes et de leur générosité. J’ai pris énormément confiance en moi et sur ma capacité d’organisation ainsi que sur ma débrouillardise. Après ça, je voulais en apprendre plus, en voir plus, en découvrir plus. Pour moi, le monde s’ouvrait en grand comme les pages d’un livre que l’on vient de commencer. À ce moment-là, je savais qu’il n’y avait plus rien pour moi en France. Lorsque je discutais de mes aventures, je me sentais comme une étrangère. Et quand j’étudiais, ma tête ne pensait qu’à une chose, partir.

À la fin de mon baccalauréat, qui correspond au Québec au diplôme secondaire, je m’étais renseignée pour aller faire mes études supérieures à l’étranger. Entre États-Unis, Canada, et Nouvelle-Zélande, mes envies ne manquaient pas d’horizon. Mais malheureusement ce n’était pas le bon moment pour moi de partir. Alors j’ai pris la décision d’aller étudier dans une école de communication à Paris et c’est durant cette année que tout a basculé.

Il faut savoir que je viens d’une petite ville bien tranquille et d’une famille modeste, alors aller étudier à Paris représentait déjà une sacrée aventure pour moi. Et je me suis très vite rendu compte que je n’allais pas tenir longtemps dans ce que j’appelais la fosse aux lions. Pour étudier dans la capitale et qui plus est dans une école en communication, il faut avoir un gros budget de côté. Dans mon école, la majorité de mes camarades avaient ce gros budget grâce à leur bonne situation familiale. Je sentais comme un fossé qui se creusait entre moi et ces personnes que je ne comprenais pas et qui ne me considéraient pas comme eux. Bien sûr j’avais quelques amies qui avaient la même situation que moi et avec qui je trainais, mais cela n’enlevait pas le malaise qui grandissait à l’intérieur. Si aller à l’école me mettait mal à l’aise, prendre les transports en commun était pire. Pour vous donner une idée, il fallait que je prenne un train de banlieue ainsi que le métro pour y aller. 8 mois à subir des regards gênants et des remarques plus que déplacées des hommes qui prenaient les transports avec moi. Je me sentais chaque jour de moins en moins en sécurité. À la fin de cette première année d’école, j’ai décidé que je ne pouvais plus continuer comme ça. Que je ne voulais pas rentrer dans ce moule d’étudiant qui trime pour avoir un job payant et pour faire partie du monde superficiel parisien. J’ai donc quitté mon école et me suis mise à rechercher des programmes au Canada qui pourraient m’apporter un encadrement qui me correspond et un milieu sain dans lequel je serais heureuse d’évoluer. 

Mon choix final s’est porté sur l’Université du Québec à Montréal et sur un programme plus que génial qui m’a apporté trois années de pur bonheur, aux côtés de merveilleuses personnes qui sont aujourd’hui plus que des amies, une famille. Lorsque je suis partie de France j’avais 20 ans et ce fût un énorme choc pour ma famille. À l’inverse de mes amies, je ne déménageais pas dans la ville d’à côté, mais de l’autre côté de l’océan. On me considérait très jeune pour quitter la maison et partir vivre à l’étranger. Mais je savais au fond de moi que je faisais le bon choix. Malgré toute la peine que cela a infligée à ma famille, celle-ci me soutenait à 200%. Je ne dirais pas que cela n’a pas été dur de tout quitter, car ma famille est tout pour moi, mais il important de vivre sa propre vie et d’aller de l’avant.

4 ans ont passé, et je ne regrette absolument pas mon choix. Ma vie ici est géniale et le Québec a su conquérir mon cœur. À tous ceux qui hésitent de partir ou qui vivent la même chose que moi, n’oubliez pas que cette décision doit avant tout vous convenir à vous et pas aux autres. Ce n’est jamais facile de tout quitter et de partir, mais sachez qu’il  est toujours possible de revenir. Il ne faut juste pas oublier qui on est et pourquoi on le fait. N’oublions pas de vivre à fond notre vie, après tout nous n’en avons qu’une.

À bientôt les voyageurs! 

Clouzote.

Passionnée de découverte, d'expérience, de rencontre. Le voyage est plus qu'une passion ou un mode de vie, il fait partie de chaque partie de mon être et de mon âme!